Un «investissement formidable»: c?est en ces termes que le média financier américain Business Insider adoubait cet été le Birkin, sac phare de la marque de luxe Hermès. Selon la publication américaine, très enthousiaste, sa hausse de valeur – estimée à 38 % en 2020 – aurait permis à ses heureux détenteurs de gagner bien davantage que le S&P 500, l?indice phare des actions américaines. Les prix de certains sacs ont en effet augmenté de façon vertigineuse ces dernières années en magasin. Le Timeless, l?un des modèles les plus prisés de Chanel, coûte ainsi 10.200 $ aux États-Unis, 75 % de plus qu?il y a quatre ans. Parfois, les sacs se revendent même encore plus cher en seconde main. Mais réaliser un gain grâce à un sac est loin d?être automatique, et envisager ces luxueuses besaces comme un pur placement n?est pas forcément pertinent.
D?abord, seuls certains modèles sont susceptibles de gagner de la valeur sans trop de risque. «Les plus sûrs sont les modèles iconiques, le Birkin, le Kelly et, dans une moindre mesure, le Constance chez Hermès puis le 2.55 et le Timeless chez Chanel», énumère Osanna Orlowski, cofondatrice du site de seconde main de luxe Collector Square. Chez sa concurrente Monogram Paris, la responsable «global business» Inès Ennaji Chaïbi liste également «Dior avec le Lady Dior, par exemple. Quelques modèles de Gucci et de Saint Laurent ne sont pas en reste», dit-elle.
investir dans le plus rentable
Encore faut-il pouvoir les acquérir à un prix relativement intéressant, pour les revendre en dégageant un bénéfice. Pour ce faire, le mieux est de les acheter directement en magasin, car la potentielle marge sera plus intéressante. S?effectue donc un premier tri, car il faut pouvoir dégager une somme conséquente: autour de 5000 ? minimum pour un Lady Dior, par exemple, et davantage pour un Birkin. «Penser qu?acheter un sac de luxe pourra rapporter de l?argent fait rêver. Mais ce sont précisément ceux qui en ont le moins les moyensqui vont envisager de spéculer là-dessus, analyse Guillaume Lucchini, fondateur du cabinet de conseil Scala Patrimoine. Ce type d?achat relève d?abord du plaisir et ensuite, éventuellement, de l?investissement.»
À lire aussiHermès, champion de la croissance du luxe
Même lorsqu?on en a les moyens, il peut d?ailleurs être difficile d?investir dans le plus rentable: les sacs Hermès. La maison ne vend pas ses modèles phares au premier venu en boutique. Il faut décrocher un rendez-vous en ligne, disponible uniquement pour le lendemain, ce qui peut prendre des mois d?essai. Une fois en magasin, les vendeurs n?acceptent pas de céder le précieux bien à n?importe qui et les listes d?attente sont longues de plusieurs mois, voire années.
Les précautions avant de revendre
Si toutefois vous parvenez à vous procurer un sac, il faut éviter de le porter, ou bien «le restaurer, en particulier les coins, les zones de frottement» au moment de le vendre, conseille Laurent Boukobza, cofondateur de l?atelier de maroquinerie 23/11. Surtout, il est indispensable de conserver les emballages originels, les certificats, le ticket de caisse. Enfin, il est plus efficace de chercher un acquéreur via une plate-forme en ligne reconnue qui se chargera d?en vérifier l?authenticité, gage de sécurité pour les acheteurs.
Peut-on faire une bonne affaire en s?aventurant sur des modèles moins connus? Pourquoi pas. «Mais il faut alors connaître le marché, savoir authentifier le sac, le dater, en reconnaître la matière, l?expertiser, suivre les tendances: bref, ça devient un métier à part entière», argumente une ex-employée de maison de vente aux enchères spécialisée dans le luxe, qui s?adonne elle-même aux achats. Si l?on veut spéculer autour des produits de luxe, le gestionnaire de fortune Guillaume Lucchini suggère de son côté d?investir directement en Bourse: «L?action LVMH ou Hermès sera peut-être plus intéressante que leurs sacs!».
» Découvrez nos ouvrages pratiques pour gérer au mieux vos finances personnelles ici .