San Francisco, Montréal, Barcelone, Lausanne, Saint-Barthélemy… Julien n’a que 23 ans, et pourtant, sa valise est déjà pleine de souvenirs. Pendant un an, il a mis en pause ses études dans la publicité pour explorer le monde. «J’ai vu des paysages à couper le souffle, noué des liens inextricables. J’ai même eu l’occasion de rencontrer de grands entrepreneurs à l’incubateur de Google dans la Silicon Valley», confie l’alternant en cinquième année d’école de publicité. Parti un an à travers le globe, il affirme ne jamais s’être senti aussi «libre». Mais cette «liberté» a un prix. Pas de quoi décourager Julien, qui a réussi à «épargner 10.000 euros» pour s’offrir le voyage de ses rêves. Le tout grâce à une connaissance des dispositifs d’épargne et une rigueur déconcertantes pour son âge.
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«Je ne voulais pas juste gagner de l’argent»
Julien est économe dans l’âme. À 18 ans, il empoche ses premiers salaires grâce à des emplois saisonniers. Il fait déjà attention à ne pas dilapider le fruit de son travail. L’étudiant place son argent : PEL, assurance-vie, Livret Jeune… Il se constitue un pécule d’environ 3000 euros à 20 ans. Si ses proches l’aident à payer son loyer à Lyon, Julien sollicite également certaines aides qui lui permettent d’amortir ses frais de logement.
L’idée du voyage germe fin 2020, sur les bancs de son école. Julien est alors sûr d’une chose : ce périple sera l’expérience d’une vie. Il fait une alternance qui lui permettra de gagner de l’argent. Son premier contrat lui rapporte 660 euros par mois. Notre futur globe-trotteur diversifie alors ses placements et ouvre un Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS), un compte d’épargne plafonné à 12.000 euros. «J’avais commencé à abonder un PEL en début d’alternance, mais j’ai pris conscience que je ne pouvais pas me servir de cet argent à court terme. J’ai donc opté pour le LDDS, plus flexible, dont le taux d’intérêt est de 3% sur une année», explique le jeune homme.
Lors de sa deuxième alternance, son salaire mensuel passe à 1130 euros net. Il reçoit même une prime à l’activité. Ces revenus lui permettent d’alimenter son compte épargne régulièrement : «j’y transférais tous les surplus que j’accumulais grâce à mon salaire. Par exemple, si j’avais 1300 euros sur mon compte courant, j’arrondissais la somme à 1000 euros en mettant le reste sur mon LDDS». Chaque billet qu’il reçoit à Noël ou pour son anniversaire vient également consolider cette épargne. C’est cette envie dévorante de voyager qui motive Julien. «J’avais un objectif défini en tête. Je ne voulais pas juste accumuler de l’argent. Il faut chasser ses rêves».
Une fourmi au chant de cigale?
L’étudiant devient attentif à sa consommation. Surtout pour ce qu’il qualifie de «dépenses de jeune». Le fait qu’il ne fume pas et ne boive pas lui facilite les choses. Pour autant, Julien ne se prive pas de trop. Il essaye simplement de faire des achats réfléchis et peu compulsifs. «Je partais souvent en week-end avec mes amis, en sachant que ce que je dépenserais ne faisait pas partie de mon compte épargne, que je m’interdisais de toucher. Ce qui compte avec l’argent, ce n’est pas combien on en a, c’est surtout ce qu’on en fait». En fin d’alternance, Julien a presque 10.000 euros en poche. L’aventure peut enfin commencer. Il débute son périple à Lausanne, enchaîne avec Saint-Barthélemy pour passer l’hiver au soleil. Ses origines espagnoles l’encouragent ensuite à découvrir Barcelone. Deux mois plus tard il s’envole pour San Francisco, creuset entrepreneurial dont il veut s’inspirer pour sa carrière professionnelle. Il termine son séjour à Montréal sur les conseils de certains de ses proches.
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Tout au long de son voyage, Julien profite : matches de football à Barcelone, road trip sur la côte ouest américaine… «Avec l’inflation, je me suis dit qu’il valait mieux dépenser et ne pas laisser mon argent dormir sur un compte», explique le jeune homme, qui ne regrette rien. «Ce n’est pas de l’argent gâché, le retour sur investissement est énorme. Je me suis fait beaucoup d’amis et un gros réseau. J’ai également pris conscience de l’importance qu’occupent le cadre de travail et le sens dans la vie professionnelle». Pour autant, l’épargne de Julien n’est pas totalement partie en fumée. Il a continué à faire attention à ses dépenses au supermarché, dans l’hébergement et les transports, particulièrement à San Francisco, qui fait partie des villes les plus chères au monde. L’étudiant a aussi cumulé des petits boulots. «À Saint-Barthélemy et à Lausanne, j’ai trouvé des emplois pour consolider mon épargne. C’est pourquoi aujourd’hui il me reste encore pas mal d’argent sur mon livret LDDS».
«Je le referais sans hésiter»
Alors que la fin de son voyage est proche, l’heure est au bilan pour Julien, partagé entre satisfaction et réalisme : «Je le referais sans hésiter. J’ai certes eu quelques avantages, mais je pense que beaucoup de jeunes peuvent épargner comme je l’ai fait, même pour des périples de moins longue durée». Soucieux d’ouvrir la voie à d’autres étudiants et jeunes actifs, Julien entend développer une application de voyages, inspirée de sa folle aventure. D’ici là, il continuera à épargner via son PEL, et va également se lancer en Bourse. Sorti grandi de cette expérience, Julien a le regard tourné vers l’avenir : «L’organisation de ce voyage était un premier pas vers mon indépendance financière. Je ne veux pas rester passif et ensuite avoir des regrets. Il faut oser.»